Les composés organiques volatils : des indicateurs clés pour la qualité des aliments et la santé des plantes

Prestations ACT food - Publié le 19/12/2025

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Derrière l’arôme d’une tomate mûre ou la fragrance d’un fromage affiné, se cachent des molécules volatiles émises naturellement par les plantes et les aliments. Ces composés organiques volatils (COV) livrent des informations précieuses sur la qualité, l’origine et même l’état physiologique des végétaux et aliments. Au sein du réseau ACT food Bretagne, Vegenov mobilise son expertise pour décrypter ces signatures volatiles et en faire des leviers d’innovation au service de la sélection variétale, de la santé des plantes, de la traçabilité et de la valorisation des produits agroalimentaires.

Que sont les COV ?

Les composés organiques volatils (COV) sont des molécules carbonées de faible masse moléculaire, appartenant à différentes familles chimiques (alcools, aldéhydes, cétones, esters, terpènes…). Leur point commun ? Une volatilité élevée à température ambiante, qui leur permet de se diffuser dans l’air et d’interagir avec leur environnement.
En agroalimentaire, ces molécules sont au cœur de notre expérience sensorielle : elles définissent l’odeur et l’arôme des aliments, deux critères essentiels d’acceptabilité par les consommateurs.
En agriculture, les COV contribuent à de nombreuses fonctions vitales des végétaux : communication entre individus, défense contre les pathogènes et les herbivores, adaptation aux stress biotiques et abiotiques, attraction des pollinisateurs et des auxiliaires de culture.
Intéressons-nous de manière plus concrète à leurs applications dans ces deux domaines.

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Des composés qui façonnent la qualité sensorielle des aliments ?

L’odeur est souvent le premier contact entre un produit et le consommateur. C’est elle qui éveille la curiosité, renforce la reconnaissance d’un aliment ou, au contraire, provoque son rejet. Les COV sont directement responsables de cette perception olfactive, détectée soit par voie nasale (avant dégustation), soit par voie rétronasale (en bouche).
Tous les COV n’ont pas le même impact sensoriel. Certains sont perceptibles à des concentrations infimes : le méthanthiol, molécule soufrée du brocoli, se détecte dès 0,0016 ppm, alors que le 2-pentanone, aux notes fruitées, requiert une concentration bien supérieure pour être perçu.
Chaque produit possède ainsi une empreinte volatile unique, véritable signature aromatique influencée par :
• la variété végétale ou le cultivar,
• les pratiques agricoles (alimentation, fertilisation, récolte),
• les procédés technologiques (fermentation, affinage, torréfaction),
• et les conditions de stockage.
Cette signature olfactive peut être mise à profit pour : garantir la typicité d’un produit, optimiser sa qualité sensorielle ou renforcer sa traçabilité.

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CGMS-Vegenov

Analyse CG-MS permettant la caractérisation des COV et de déterminer la signature olfactive d’un produit

Les COV au cœur de la santé et de la résilience des cultures

Au service de l’agriculture, les COV se révèlent être de puissants moyens de défense naturelle des plantes.
Face aux stress biotiques (pathogènes, ravageurs) ou abiotiques (chaleur, UV, sécheresse), les plantes modifient leur profil volatil.
• Certains terpènes, comme le farnésène ou l’ocimène, émis par la vigne après infection par Plasmopara viticola, réduisent la sporulation du pathogène de plus de 50 %.
• Les isothiocyanates des crucifères ont un effet répulsif sur les insectes herbivores.
• Chez la tomate, l’infestation par Tuta absoluta entraîne l’émission de salicylate de méthyle et d’α-pinène, qui attirent une guêpe prédatrice de ce ravageur.
Les COV peuvent également agir indirectement, en attirant les pollinisateurs ou les micro-organismes bénéfiques de la rhizosphère. Ils servent même de signaux d’alerte : certaines plantes avertissent leurs voisines d’une attaque imminente, leur permettant d’activer à temps leurs défenses.

Ces propriétés ouvrent des perspectives prometteuses pour la sélection variétale, le biocontrôle et la biostimulation, des leviers essentiels de l’agroécologie.

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Aperçu des principales classes de composés organiques volatils (COV) produits par la vigne en réponse à des facteurs biotiques et abiotiques. (Lazazzara et al , 2022)

Comprendre et valoriser les COV : une voie d’avenir pour l’agriculture et l’agroalimentaire

Les COV peuvent être analysés sans détruire les tissus émetteurs, permettant ainsi un suivi précis et continu de leurs émissions. Leur étude ouvre de nombreuses perspectives en matière de biocontrôle, de diagnostic précoce et de valorisation sensorielle.

Dans le domaine du biocontrôle et de la stimulation des défenses naturelles, Vegenov et IDmer ont mené le projet DOCAP (2023-2025), financé par l’Institut Carnot AgriFood Transition. Ce projet a exploré l’utilisation d’hydrolysats de poissons, valorisant des coproduits marins, pour identifier des substances actives capables d’induire des réponses de défense chez les plantes. L’analyse des COV émis a notamment permis de détecter des composés, comme l’alpha-terpinéol, associés à cette activation.
Sur le volet détection précoce des maladies, Vegenov est également impliqué dans les projets AGRIPOLHYS (2024-2027) et DEMASC (2024-2026). Le premier, coordonné par le LabISEN et financé par l’ANR, combine imagerie hyperspectrale, polarimétrie et analyse des COV pour identifier les maladies de la tomate avant l’apparition des symptômes. Le second, conduit avec l’École nationale supérieure de Chimie de Rennes, vise à caractériser des signatures COV propres aux pathogènes et à la résistance variétale.

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Prélèvements de chou dans le cadre du projet DEMASC dans l’objectif d’obtenir une signature COV permettant de détecter précocement les maladies

Enfin, les COV, en tant que contributeurs majeurs aux arômes et aux saveurs, constituent aussi des leviers pour orienter les choix variétaux des sélectionneurs et des filières agricoles, ainsi que pour aider les entreprises agroalimentaires à optimiser leurs procédés et la qualité sensorielle de leurs produits. C’est un des objectifs du projet FAMOUS (2025-2027) porté par le Ceva et financé par L’institut Carnot Agri-Food Transition. Vegenov analysera la fraction volatile émise par les algues fermentées produites par le Ceva à partir de souches isolées et caractérisées par l’ADRIA.

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Chromatogramme de la fraction volatile (COV) de deux variétés (une en rouge, l’autre en vert)

Décrypter les COV pour innover : Vegenov et ACT Food Bretagne à vos côtés 

Vegenov et ACT Food Bretagne mettent leur expertise au service de solutions innovantes visant à mieux comprendre, détecter et valoriser les COV, pour une agriculture et une agroalimentaire durables.

 

SOURCES :

AUTEUR :

Céline Baty, chargée de projets en Analyse Sensorielle et Nutritionnelle, Vegenov

 

CREDITS PHOTO :