Transition alimentaire
Introduire l’économie circulaire dans l’agroalimentaire

Transitions alimentaires - Publié le 17/04/2024

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Dans un contexte marqué par la prise de conscience environnementale et la nécessité de préserver nos ressources naturelles, l’industrie agroalimentaire se trouve à la croisée des chemins. Elle est confrontée à un double défi : répondre aux nouvelles exigences de la transition alimentaire et réduire son impact environnemental. C’est dans ce cadre que l’économie circulaire se présente comme une solution intéressante, permettant de concilier développement économique et durabilité.

L’économie circulaire se distingue du modèle linéaire traditionnel « extraire, fabriquer, consommer, jeter » par une approche qui vise à réduire au minimum les déchets et à maximiser l’utilisation des ressources. Elle repose sur trois principes fondamentaux : préserver et restaurer le capital naturel, optimiser l’utilisation des ressources, et favoriser la circulation des biens et des matériaux à leur plus haut niveau d’usage.

economie circulaire generique

L’industrie agroalimentaire, en tant que consommateur important de ressources naturelles et producteur de déchets, a donc un rôle important à jouer dans cette transition vers une économie plus circulaire. Celle-ci lui offre non seulement une opportunité de réduire son empreinte environnementale, mais également de générer des économies, d’innover et de se démarquer sur ses marchés. Voici trois pistes de travail.

 

La réduction des pertes et des gaspillages alimentaires

Une première étape vers l’économie circulaire consiste à minimiser les pertes et les gaspillages tout au long de la chaîne. Cela peut impliquer l’amélioration des processus de production, de stockage et de transport, l’utilisation de technologies permettant de prolonger la durée de vie des produits, etc.

dechets-agroalimentaires

A titre d’exemple, 19 entreprises volontaires ont été sélectionnées en 2019 pour participer à l’opération « moins de pertes alimentaires pour plus de performance », menée par l’Ademe. Sur chacun de ces sites, des échanges avec les équipes ont permis d’identifier des actions à mettre en œuvre pour réduire les sources de pertes et de gaspillages alimentaires identifiées lors du diagnostic. Des actions spécifiques ont été proposées afin d’établir un plan réaliste (entre 3 et 10 actions) facilitant leur mise en œuvre.

Deux grands axes ont été identifiés : la réduction des pertes et les gaspillages alimentaires ; l’amélioration de la valorisation de ces pertes et gaspillages. Et dix grands types d’actions ont été proposées :

– Optimisation des process de fabrication ;

– Recherche de nouvelles voies de valorisation ;

– Travaux de maintenance ;

– Optimisation des prélèvements qualité ;

– Remise en cause des exigences clients ;

– Approfondissements du diagnostic (causes, quantification etc.) ;

– Sensibilisation et formation du personnel ;

– Suivi et pilotage (tableaux de bord, indicateurs, groupes de travail internes…) des pertes alimentaires ;

– Optimisation de l’enchaînement des différents produits sur les lignes de production ;

– Investissement matériel.

Au total, les gains économiques sur l’ensemble de l’opération ont été évalués à 1,3 million d’euros sur les 19 sites avec : la réduction des pertes de 15% en moyenne par site et par an, une réduction de 5,5% des coûts liés aux pertes en moyenne par site et par an et une réduction de l’empreinte carbone de 86 tonnes de CO2 émis, en moyenne par site et par an (soit 86 A/R paris New-York).

La valorisation des sous-produits

L’industrie agroalimentaire produit chaque année des tonnes de coproduits. Une usine en génère régulièrement, que ce soit lors du processus d’approvisionnement, de transformation ou de stockage. Au lieu de considérer ces résidus comme des déchets, ils peuvent être transformés en nouvelles ressources. Aussi, cette valorisation crée une économie circulaire, limite l’utilisation de ressources et réduit les émissions de gaz à effet de serre.

raw flax fiber

Quels sont les principaux coproduits alimentaires valorisés ?

Quelques exemples de coproduits des principales industries agroalimentaires :

– Laitière :  le lactosérum, la caséine, l’eau du lait, la matière sèche composé de protéines, de graisses et de minéraux retirés du lait ;

– Produits de la pêche : arêtes, cartilage, têtes, écailles

– Sucrière : le sirop, la pulpe ou le fumier de betterave, la bagasse, les eaux de vidange, les sous-produits de filtration ;

– Céréalière : les drêches, le son, la tourte, les pelures de céréales, les refus de tri… ;

– Viande :  les os, la graisse, les parties non consommables, les peaux, les cuirs ;

– Fruits et légumes : les épluchures, les feuilles et les tiges, les déchets de production, les refus de tri, etc.

Vers quelles filières valoriser les coproduits alimentaires ?

La valorisation des coproduits agroalimentaires en France est un sujet de plus en plus important. Néanmoins, compte tenu des contraintes réglementaires, ils seront valorisés dans des filières spécifiques, ne devant présenter aucun risque pour la filière. Quelques exemples :

– Valorisation en alimentation animale : les restes de grains, tels que les tourtes et les déchets de céréales, sont utilisés pour nourrir les animaux d’élevage. Les restes de fruits et légumes, tels que les pulpes ou les tiges, servent également à nourrir les animaux de ferme.

– Valorisation dans l’industrie pharmaceutique. Les matières premières utilisées sont les racines, les feuilles, les tiges et les graines (réglisse, gentiane, arnica, etc.). Et, plus généralement, les coproduits issus de fruits et les peaux de fruits sont précieux pour leur teneur en antioxydants et en autres nutriments importants (produits issus de la biomasse cidricole).

– Valorisation dans l’industrie cosmétique : les coproduits sont des matières premières pour les produits de soins de la peau et de soins capillaires. Les extraits d’algues et aussi les huiles végétales (olive, noix de coco, jojoba…) sont des ingrédients de base pour les soins de la peau.  Les huiles sont riches en acides gras nécessaires pour l’hydratation et en vitamines A, C et E pour la nourrir, etc.

– Valorisation en énergie renouvelable : les coproduits alimentaires sont transformés en biocarburants pour la production d’énergie renouvelable. Les coproduits riches en cellulose, tels que les déchets maïs, de betterave à sucre, les pulpes de fruits et légumes, les coques de noix, etc., sont transformés en éthanol par la fermentation et la distillation, qui peut être utilisé comme biocarburant pour les véhicules. De plus, les coproduits tels que les graisses animales, les huiles végétales, les graisses de cuisine usagées, etc., sont transformés en biodiesel).

Enfin, le CEVA, par exemple, travaille beaucoup sur les coproduits à base d’algue.

algues coproduits act food

L’éco-conception des emballages

Celle-ci vise à réduire l’impact environnemental des produits tout au long de leur cycle de vie. Cela peut inclure l’utilisation de matériaux recyclés ou biodégradables, la conception pour la réutilisation ou le recyclage ou la réduction de la quantité de matériaux utilisés.

Mais l’éco-conception des emballages alimentaires est une démarche multi-critères et holistique qui tend à préserver autant les produits que les emballages, les consommateurs, ainsi que l’environnement. Les critères favorables à l’éco-conception sont en lien avec les étapes de la chaîne de production, ainsi que les divers acteurs de l’économie circulaire.

eco conception emballage

Optimisation des matériaux et diminution des pertes à la source : utiliser uniquement les quantités de cartons utiles à l’emballage, et faire la guerre aux espaces vides, par exemple.

– Économie d’énergies, d’eau ou tous types de ressources ou consommables.

– Revalorisation des matières, réutilisation de matériaux recyclés, usage de matières premières biosourcés et facilité de recyclage.

Un exemple : Carlsberg tente l’innovation de rupture avec sa Fiber Bottle (sources : Xerfi – octobre 2023). En effet, dès 2015, la brasserie avait le projet de fabriquer la première bouteille biosourcée et entièrement biodégradable. Son enveloppe extérieure est en fibre de bois et dotée d’une doublure en polymère PEF. Ce « nouveau » plastique, à base de plantes compatible avec les systèmes de recyclage peut aussi se dégrader dans la nature. Par ailleurs, contrairement aux bouteilles en aluminium et en verre, cette coque a des propriétés thermo-isolantes qui peuvent être un avantage compétitif sur le marché de la bière.

Sur le plan environnemental, cette bouteille en fibre émet 80% de moins de GES qu’une bouteille en verre à usage unique et son empreinte carbone est comparable à celle d’une bouteille en verre consignable. En juin 2022, Carlsberg a lancé un test grandeur nature pour recueillir l’avis des consommateurs et tester la production, la performance et le recyclage à grande échelle. Si cette bouteille ne remplace pas celle en verre, elle complètera l’offre du groupe pour cibler de nouveaux profils de consommateurs.

eco conception boisson

Enfin, si vous voulez en savoir plus sur l’écoconception et la recyclabilité des emballages, n’hésitez pas à visionner le replay du webinaire de l’ADRIA consacré à ce sujet en janvier 2024 (webinaire disponible sur demande après validation du service clients de l’ADRIA et réservé aux industriels). Il est animé par Emeline Douay, experte emballage, et Anne-Laure Bequet-Lefèbvre, experte réglementation.

Pour visualiser le webinaire

webinaire adria emballage

Et si vous bénéficiez de l’expertise des centres techniques d’ACT food ?

L’économie circulaire offre donc à l’industrie agroalimentaire une voie intéressante pour répondre aux défis environnementaux et économiques de la transition alimentaire. En adoptant des pratiques plus durables et en innovant dans la gestion des ressources, les entreprises peuvent non seulement réduire leur impact, mais également ouvrir de nouvelles opportunités de marché et renforcer leur compétitivité.

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ACT food et les cinq centres techniques présentent l’offre la plus riche en Bretagne, en matière de conseil et de développement pour l’agroalimentaire. Spécialisés chacun dans leur domaine spécifique, ils vous proposent une véritable complémentarité dans leurs compétences et sauront vous apporter toute leur expertise dans ce domaine. Un véritable maillage pour le plus grand bénéfice des entreprises et de l’économie circulaire.

 

Pour contacter directement ACT food