Réemploi des emballages
De la sécurité des aliments aux enjeux microbiologiques

Prestations ACT food - Publié le 30/04/2025

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Le réemploi des emballages est une pratique qui gagne en importance. Mais cette approche circulaire présente des défis complexes, notamment en matière de sécurité des aliments et de gestion des microorganismes. Faisons le point sur le sujet avec Nicolas Nguyen Van Long, docteur ingénieur en microbiologie des aliments et responsable Recherche et Innovation à l’ADRIA.

De quoi parle-t-on avec le réemploi des emballages ?

Le réemploi est une boucle qui passe de l’industriel agroalimentaire à la distribution, au lavage et retour à l’industriel. Les emballages réemployables ne sont pas strictement identiques aux emballages conventionnels car ils devront avoir des propriétés physiques spécifiques. Un exemple : un bocal qui va être réemployé va être plus épais qu’un bocal classique, parce qu’il doit subir plusieurs cycles de vie au lieu d’un seul. Et là, les données de départ ne sont pas les mêmes (coûts, etc.).

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Il faut aussi ajouter dans cette boucle les usages et le consommateur qui va l’utiliser de plusieurs manières. S’il « joue bien le jeu », il va nettoyer et ramener son emballage dans le circuit après consommation. Mais comment maîtriser les « mésusages » (exemple : stocker des produits non alimentaires puis le ramener pour le réemploi) ? C’est un des exemples de réemploi des emballages qui revient le plus. Mais il existe d’autres formes comme dans la restauration collective ou hors foyer ou le réemploi des emballages intermédiaires.

 

Dans le réemploi des emballages, quels sont les enjeux en matière de sécurité alimentaire ? 

 

Le plus gros enjeu est clairement microbiologique et se situe au niveau du lavage. Il est absolument nécessaire que celui-ci soit satisfaisant pour permettre le réemploi. Un lavage qui laisserait des traces de matrice alimentaire du cycle précédent ne peut pas être acceptable.

La question est simple : comment rendre réutilisable un emballage souillé d’une façon très incertaine et très hétérogène (parce qu’on ne maîtrise pas ce qu’il y avait dedans). En effet, avec un emballage neuf, nous maîtrisons tout ce qui se passe en usine et on contrôle l’ensemble des paramètres (température, humidité etc.). Mais dans le réemploi, il y a « une boîte noire » qu’on ne connait pas : les usages à un moment donné.

De plus, si le lavage est le plus gros enjeu, le séchage doit aussi être pris en compte : des emballages propres mais pas suffisamment séchés, présentent un risque en termes de recontamination. En microbiologie, si on simplifie les concepts, la présence d’eau, même résiduelle se traduit par le risque qu’un microorganisme se développe. Il faut donc bien maîtriser ces deux étapes.

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En quoi la microbiologie peut amener des solutions dans ce domaine ?

La connaissance des micro-organismes présents et de leur capacité à subsister aux opérations de lavage est importante, parce que les denrées alimentaires hébergent naturellement des micro-organismes. Donc les emballages qui contiennent ces aliments sont porteurs de ces micro-organismes, qui peuvent survivre, en particulier sous la forme de biofilms (film constitué de micro-organismes qui leur confère une résistance particulière). Le biofilm suit un cycle d’adhésion, de développement et de libération de nouvelles cellules bien décrit dans la littérature scientifique.

Le lavage est donc vraiment l’étape la plus importante dans le réemploi car, mal réalisé, il permettrait théoriquement à ces biofilms de recontaminer la nouvelle boucle. Des restes de matrice alimentaire peuvent même, en l’absence de biofilm, héberger des micro-organismes et les protéger des opérations de lavage.

Quels sont les autres enjeux du réemploi ?

Si on se rend compte qu’un lavage n’est pas satisfaisant, on va essayer d’en améliorer les procédures ou les approches technologiques. Il s’agit de s’adapter à des cas un peu plus compliqués, en mettant, par exemple, plus d’efforts sur le lavage pour atteindre un niveau satisfaisant par rapport aux enjeux que ça peut présenter. Mais cela implique également de prendre en compte la question de la consommation d’eau et d’énergie. Comment arriver à un lavage adéquat pour la sécurité alimentaire et optimal d’un point de vue utilisation des ressources ? C’est un enjeu aussi important qui se profile.

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Ensuite, il faut se poser la question au moment de la fabrication de l’emballage : combien de cycles seront possibles avant que l’usure ne rende plus le lavage satisfaisant ? Et, dans la pratique, comment qualifier cette usure pour éliminer des emballages défectueux. Un autre défi technologique !

Quelles sont les compétences de l’ADRIA dans ce domaine ? 

À l’ADRIA, nous sommes en mesure de souiller des emballages de façon reproductible. Ce qui nous permet de qualifier et optimiser la performance d’un lavage. Et nous pouvons également proposer des prestations, notamment en matière de caractérisation d’isolats microbiens, en cas de persistance d’une contamination, que ce soit dans une situation de réemploi ou non. Sur le sujet du réemploi des emballages, nous pouvons travailler avec plusieurs acteurs : les industries agroalimentaires, les laveurs, la distribution, le fabricant d’emballages, etc.

nettoyage emballages

 

Une réglementation qui encourage le réemploi

Depuis la loi AGEC de février 2020 (loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire), la réglementation n’a fait que se renforcer sur le sujet du réemploi et soumet désormais les entreprises à des obligations fortes en matière de réemploi.

On y retrouve « un objectif de réduction, un objectif de réutilisation et de réemploi, et un objectif de recyclage qui sont fixés par décret pour la période 2021-2025, puis pour chaque période consécutive de cinq ans » : c’est le rôle du décret dit « 3R ». 20 % de réduction des emballages plastiques à usage unique doivent être atteints d’ici fin 2025. A minima, la moitié de l’atteinte de cet objectif devra être obtenue via le réemploi et la réutilisation.

Le décret du 8 avril 2022 précise les objectifs annuels de mise en marché d’emballages réemployés pour les producteurs : ils évolueront de 5 % en 2023 à 10 % en 2027 (en unités de vente et non en tonnage). Cette obligation concerne tous les emballages : ménager, restauration, transport, etc. Les éco- organismes doivent aussi consacrer 5 % des contributions de leurs clients à des solutions de réemploi.

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